Cannelle et Piment L’histoire d’une entreprise associative au féminin
Agnès Rollet, Editions Repas, Valence, France, mai 2021
L’histoire
Elles s’appellent Fatna, Micheline, Juliet, Abla, Eugénie, Haïfa, Chimène… Elles viennent des 4 coins du monde (Algérie, la Réunion, Irak, Togo, Tunisie, Chili…) et se sont croisées à Vaulx-en-Velin, banlieue emblématique de la région lyonnaise, mais surtout terre d’accueil de la diversité. Leur recette : le besoin de mettre du beurre dans les épinards de leur famille, le désir de faire connaître leurs cultures pour lutter contre les préjugés et de transmettre des héritages culinaires, et une dynamique de groupe portée par les méthodes d’émancipation de Paulo Freire.
Sans diplôme, elles ont développé une activité de traiteur multiculturel, sous la forme d’une entreprise associative, et jouent un rôle d’exemplarité au pied des tours de leur quartier auquel elles sont restées fidèles. Cannelle et Piment, c’est une aventure d’économie solidaire qui ne rentre dans aucune case institutionnelle, et qui, après avoir eu bien du mal à se faire reconnaître, n’a plus besoin aujourd’hui, du haut de ses 30 ans, de faire ses preuves.
L’auteure
Agnès Rollet, avec son bagage en socio-ethnologie, a débuté auprès des enfants de la rue au Brésil. Critique des rapports de domination Nord-Sud, elle a ensuite préféré s’impliquer localement, dans sa région lyonnaise, pour plus de justice sociale et dans le monde associatif. Son moteur dans l’action : les initiatives qui valorisent les « sans voix ». C’est ce qu’elle tente de faire en tant que directrice d’un centre social depuis 15 ans.
Le commentaire de Jean-Louis Laville, chercheur en économie sociale
« Cette aventure menée par des femmes à Vaulx-en-Velin, différentes mais réunies autour de leur projet commun, ne s’est pas déroulée sans encombre. Si ce livre est passionnant, c’est qu’il explicite à la fois les aléas rencontrés et les conquêtes obtenues. Dans la période de mutations actuelle, avec l’aggravation des inégalités sociales et de dérèglements écologiques, il n’est plus possible de s’en remettre à une technocratie qui croit surplomber et commander la société. Des expériences comme celle de Cannelle et Piment doivent aider à réfléchir pour qu’un nouveau cadre institutionnel favorise les citoyennes qui s’engagent pour un mieux-vivre. »