Interview avec Mme Houngbo Julienne, ACFB (Association des Caisses de Financement à la Base) , Cotonou, Bénin
Mme Houngbo Julienne est membre de l’Association des caisses de financement du Bénin (ACFB) dont elle assure actuellement la présidence.
Aurélien Atidegla, novembre 2003
1- Présentation
Mme Houngbo Julienne est membre de l’Association des caisses de financement du Bénin (ACFB) dont elle assure actuellement la présidence.
2. Quel est l’objectif principal de votre activité économique?
L’objectif principal de l’Association est de « soulager la misère des femmes à travers le crédit l’entraide et la solidarité des membres ». Nous luttons pour le bien-être des femmes. Il y a quelques années, quand il y a une décision à prendre dans le quartier, on ne cherchait pas à consulter les femmes. Après notre inscription auprès du Ministère de l’Intérieur, notre association est devenue un interlocuteur privilégié du chef quartier dans les prises de décision.
3. et 4. Pratiquez-vous une économie différente ?si oui en quoi se différencie-t-elle de l’économie dominante ? Si non pourquoi ?
Ce que nous pratiquons au sein de l’ACFB n’est pas la course pour une richesse individuelle. En recherchant le mieux-être des femmes membres, nous avons une autre vision de la vie. La solidarité entre les membres n’est pas seulement guidée par le souci de remboursement des crédits. Il y a aussi le souci de l’instauration de la paix et l’harmonie au sein de l’Association , mais surtout au sein des ménages. Sans une ingérence dans la vie conjugale des membres, l’Association œuvre pour le maintien d’un climat de paix dans les ménages, assiste les membres en difficulté lors des échéances critiques de l’année (rentrée scolaire, fête de fin d’année, décès, réjouissance). Actuellement, on est en train de faire des tontines pour acheter des vivres à la fin de l’année et les revende. Dans chaque ACFB existe un conseil d’administration et des comités de surveillance. Pour bénéficier du crédit, les membres ont constitué par affinité des groupes de solidarité (GS) formant ce qu’on appelle « caution solidaire ». Le crédit octroyé n’est pas utilisé pour faire une activité commune à toute l’Association. En cela, notre association se démarque des groupements de production qui reçoivent le crédit en commun et entreprennent des activités communes. Nous avons aujourd’hui trois produits que nous proposons aux membres : le crédit individuel, le crédit solidaire, le crédit de Mais dans le cas où un bénéficiaire est en difficulté de remboursement, les autres membres lui apporte leur soutien.
Nous avons 4 projets à réaliser : Crédit scolarité à l’approche des rentrées, SOS santé, alphabétisation, transformation des vivres (gari amélioré, tapioca, petits gâteaux)
5. 6. et 7. D’après vous, qu’est-ce que l’abondance ? L’abondance matérielle est-elle un but ou un moyen d’atteindre quelque-chose de plus? Qu’est-ce que c’est ce plus?
Pour moi, celui qui a plus de biens que toi te dépasse. L’abondance symbolise une facilité à faire face aux besoins matériels et financiers, une aisance de vie, l’opulence. C’est aussi source d’orgueil. Si c’est l’abondance intellectuelle, ça m’intéresse. Mais je ne considère pas trop l’abondance en bien matériel. L’abondance en question ne saurait en aucun cas être vue comme une finalité. Elle peut permettre d’atteindre un but, un plus. Par exemple, la satisfaction des besoins vitaux est très importante. La société d’aujourd’hui a mis en place des références qui confèrent plus de considération aux personnes qui ont l’abondance. L’abondance permet d’accéder à la notoriété, à la distinction dans le milieu. Mais on n’a pas forcément besoin de l’aisance pour accéder à ces choses.
8-9-10 Quelles sont les valeurs que vous et vos compagnons pratiquez dans votre vie et dans votre travail de tous les jours ?d’après vous, est-il possible que ces valeurs prédominent un jour dans l’ensemble de la société ? Comment peut-on les généraliser ?
Au sein de l ‘ACFB, nous avons des principes qui guident nos actions et facilitent la bonne ambiance de travail. D’abord la solidarité entre les membres est très importante et s’enracine dans l’amour du prochain. La crédibilité est également une valeur que nous tâchons de cultiver. Cela part d’abord des responsables que nous sommes. Si nous ne sommes pas crédibles, les membres n’auront pas confiance en nous. Et si les membres perdent un jour leur crédibilité, c’est l’Association qui tombera car les partenaires n’auront plus confiance en nous. Nous insistons aussi et surtout sur la sincérité au niveau des couples. En fait, une femme qui n’est pas sincère avec son mari ne fait pas honneur à notre Association. Enfin , nous recherchons à faire des femmes responsable en toute chose. Ce n’est pas par hasard que nous avons gagner la confiance du chef quartier. Pour que ces valeurs s’intègrent aux pratiques des membres, nous faisons des assistances morales et financières aux personnes en difficulté. La présence physique, sans être instituée légalement comme obligatoire, l’est de fait. En effet, celui qui se limite à l’assistance financière seule lorsqu’un membre est éploré se prépare la même assistance en retour quand son tour viendra. Personne ne se peinera à aller vers lui. En matière d’assistance l’ACFB joue également le rôle de conseiller conjugal en assistant les jeunes dames dans leur vie de couple. Il est possible de voir un jour ces valeurs se généraliser . Pour y parvenir il faut l’éducation civique avec la presse comme relais de l’information. Il faut aussi des visites d’échange. Mais il faut retourner aussi à notre tradition qui est très riche en matière de valeurs. La vérité, la sincérité et la solidarité sont un héritage des temps anciens.
11- Quelles innovations avez-vous développées sous la forme d’organisation, de gestion et d’appropriation des fruits du travail ?
Nous avons associé l’animation culturelle aux vocations premières de l’Association à savoir la micro-finance. Il s’agit là d’une innovation majeure qui offrent aux femmes un couloir de loisir et de prestation de services rémunérés à coté de leur activités principales pour lesquelles elles obtiennent des crédits. De même, nous voulons sortir du cadre restreint de crédit pour offrir des services et nous rendre utiles en quelque chose à notre quartier. C’est dans ce sens que l’ACFB négocie avec la Mairie de Cotonou, un contrat d’entretien du Jardin public de Vèdoko. Les fruits du travails sont partagés entre toutes celles qui ont participé à la tâche de façon équitable. Au fur et à mesure que les activités évoluent, on divise l’intérêt par trois : 1/3 pour la caisse et 2/3 partagé entre les membres. La présidente ne garde pas les crédits des membres. Lors de la mise en place des crédits, chaque membre reçoit directement son crédit devant tous les autres. Il y a la bonne communication ; ce qui met tous les acteurs en confiance.
Considérez-vous qu’il est important de travailler dans un réseau de solidarité ou dans une chaîne productive solidaire ? En quoi consiste-t-elle selon vous ?
Oui, on souhaiterait avoir un réseau de solidarité car en restant ensemble, on peut mieux faire. Cela consiste en un partage d’expérience, de visite et d’échange.
14- Votre activité a-t-elle de l’influence sur la vie de la communauté ? Comment et dans quelles sphères ?
Nos activités notamment notre assistance aux femmes en difficultés, l’accès au crédit a permis l’instauration de la joie dans les foyers démunis ont influencé la communauté. Les enfants vont à l’école et, les parents assument plus ou moins allègrement leurs responsabilités envers eux . L’harmonie conjugale est promue dans les jeunes couples Tout ça a permis d’influencer positivement la communauté autour de nous.
15- D’après votre expérience, quelle valeur et quelle signification a-t-il dans votre vie ?
Le travail est en réalité le sang qui coule dans nos veines. C’est la valeur de l’homme. Il lui confère dignité et respect. Mon travail aujourd’hui à ACFB se démarque du trin-trin . de l’administration public. Ce n’est plus les paperasses. Je suis invitées à la mise en place des crédits, je vais faire des visites d’inspections aux groupements désireux d’intégrer notre Association, je suis les membres critiques (difficulté de remboursement) etc.. le travail est libérateur et celui qui n’a pas travaillé, n’a pas droit au salaire.
16 Rôle de la femme au sein d’une initiative économique caractérisée par la coopération et la solidarité ?
Notre association est d’abord une association de femme et comprend plus de 95% de femmes. Vous comprenez que tous les rôles clés sont joués par les femmes. Mais ai delà de cela, le rôle de la femme d’une initiative économique de solidarité. Elles sont la vie et sans elles rien n’est possible. Les femmes étant les gardiennes des valeurs que nous cultivons, elles sont très importantes.
17- Comment les politiques publiques et l’Etat peuvent-ils contribuer au progrès socio-économique ?
Je ne vois pas trop car l’Etat est avant tout capitaliste.
18- Croyez-vous que la mondialisation de la coopération et de la solidarité
est possible? Comment faire pour qu’elle devienne vraie?
Il est difficile d’envisager de concilier la mondialisation et la solidarité. Mais il faut que la solidarité s’impose à la mondialisation.
I{nterview avec Mme Houngbo Julienne,
réalisé par Aurélien Atidegla et Euloge Agbessi
Nom de l’institution: ACFB (Association des Caisses de Financement à la Base)
Lieu: Aibatin 2 Cotonou, République du Bénin
Date: 22/11/2003
Contact 03BP4209 Cotonou, tel 079947}
Sources :
Dans le cadre du chantier Vision du PSES
Voir aussi :
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Interview de CEDESA et REMECC (Réseau Méxicain de Commerce Communautaire).
La première organisation s’occupe de développement intégral dans plusieurs communautés paysannes dans la région de Dolores Hidalgo Guanajuato. La deuxième, de commercialisation au niveau national; elles sont liées à RELACC (Réseau Latino-Américain de Commerce Communautaire) basé en Equateur. Travaille dans le domaine de l’économie solidaire impliquant auto-consommation et consommation consciente pour aller vers un développement autocentré.
Chilo Villareal, décembre 2003
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Interview de Maria Guadalupe Castañeda, région de l’Isthme de Tehuantepec au Mexique.
L’association travaille dans le domaine de l’appui à des projets agricoles selon des principes du commerce équitable. Elle assure le suivi de ces organisations:Conseil, Projet et Evaluations.
Chilo Villareal, décembre 2003
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Interview de Austreberta Luján, Communauté Chatinos, région de Oaxaca au Mexique
Production et consommation de café Jamaica de qualité produit selon les principes de l’économie solidaire et de l’agriculture biologique.
Chilo Villareal, janvier 2004
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Interview de Lozada Seminario Marianella , Groupe Initiative d’Economie Solidaire - Chiclayo (Pérou)
Activité dans le domaine de la formation, production, commercialisation au Pérou
Humberto Ortiz Roca, janvier 2004
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Interview de Pariona Fredy, Magasin du Commerce équitable à Huancayo (Pérou)
Activité dans le domaine du commerce équitable
Humberto Ortiz Roca, janvier 2004
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Dans un cadre économique très dégradé, l’économie Bayanihan ou économie solidaire aux Philipines met au centre les questions de formation, l’importance de Dieu, se délivrer de l’attitude de mendicité et apprendre à épargner ainsi que d’entreprendre dans un esprit différent.
Benjamin R. Quiñones, Jr., février 2004
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Interview de Annie García - Golden Harvest Christian Ministry International , Philippines.
L’économie “Bayanihan” ou économie solidaire aux Philipines, met l’accent sur l’élément spirituel et des projets pour permettre à des communautés de sortir de la pauvreté. Un travail d’échanges à différentes étapes de la chaîne de production permettent une amélioration substantielle de la qualité de vie des personnes impliquées.
Benjamin R. Quiñones, Jr., février 2004
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Interview de l’organisation- LJOR Fellowship, Philippines
L’organisation LJOR Fellowship coordonne sept organisations populaire dans sept villages. Ses activités comprennent la formation de valeurs, l’organisation communautaire, l’accumulation de capital, le développement d’entreprises et le renouvellement spirituel. Cette expérience s’inscrit dans le cadre de l’économie “Bayanihan” ou économie solidaire aux Philippines.
Benjamin R. Quiñones, Jr., février 2004
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Interview avec l’organisation Pasay City Cooperative Service, Philippines
Le Pasay City Cooperative Service promeut l’établissement et le renforcement de coopératives (habitat et identification de projets économiques pour les populations des bidonvilles). Il organise, coordonne et met en réseau 10 organisations populaires dans 10 villages. Importance de la sagesse et du spirituel.
Benjamin R. Quiñones, Jr., février 2004
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Interview de NETECO -Organisation de Droits Humains intégraux, Puebla, Mexique
Importance du travail de groupe et d’amélioration de l’alimentation.
Chilo Villareal, mars 2004
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Interview de l’Organisation Nahuathl Indépendante. (ORNI), Région de Nuevo Necaxa, Puebla, Mexique
L’ORNI est une société de Solidarité Sociale formée par 6 villages indiens de la Région de Nuevo Necaxa, Puebla, au Mexique. Elle travaille dans le domaine de la santé et de l’alimentation selon les principes de l’autogestion et du commerce équitable. Met l’accent sur la mémoire communautaire et l’importance du rôle des femmes dans la communauté.
Chilo Villareal, mars 2004
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M. Déguénon Victor est âgé de 60 ans, marié et père de 8 enfants. Il a embrassé la carrière de jardinier depuis le 5 janvier 1972. Il a été élu président déjà une fois au niveau de l’Association des jardiniers de Houéyiho en 1992. En raison des réformes inhérentes à la décentralisation, il a été réélu à la dernière élection pour porter son savoir-faire à l’œuvre de l’émergence de leur coopérative.
Aurélien Atidegla, avril 2004
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Interview de Sheelu Francis, Tamil Nadu Women’s Collective, Tamil Nadu – Inde
Sheelu Francis est une leader internationalement connue du collectif fort de 60 000 femmes, actif dans tout l’état de Tamil Nadu, dans le Sud de l’Inde. Sheelu est également la porte-parole internationale du Collectif: elle parle des impacts du commerce international, de la dette et des activités des entreprises transnationales sur le développement local, sur la sécurité alimentaire et la souveraineté.
Marcos Arruda, avril 2004
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Oscarina est une représentante des travailleurs associés au mouvement de l’ECOSOL brésilien; elle est une leader du Forum de São Paulo de l’Economie Solidaire, et la seconde représentante de la région sud-est auprès de la coordination exécutive du FBES-Forum Brésilien de l’Economie Solidaire. La coopérative fonctionne dans le domaine de la psychologie – le groupe a opté pour la Psychologie Sociale Communautaire
Rosemary Gomes, mars 2004